Vous avez la parole, prenez-la mon vieux (feat Jorge Bernstein)
Dans le cadre de mon come-back de l'extrême, je me dis que ce serait chouette, aussi, d'impliquer des gens divers et variés du milieu du livre en général et de la bd en particulier. Déjà parce que ça fait des notes toute faites mais aussi parce que, ma foi, c'est intéressant de parfois se taire et écouter les autres (surtout quand je les aime pour de vrai).
J'ai donc eu l'idée saugrenue (depuis que je ne fais plus la vaisselle pour cause de lave-vaisselle, j'ai beaucoup moins d'idées car je réfléchis beaucoup moins. C'est reposant, certes, mais ça fait pas avancer grand-chose) de lancer une série d'interviews. Je pars sur un rythme d'un par semaine mais je me connais, je peux être très aléatoire parfois (par exemple, là on est vendredi, et à la base je voulais les publier le lundi. Donc bon. On peut pas me faire confiance).
Toujours est-il que pour essuyer les plâtres, c'est Jorge Bernstein qui s'y colle (je m'essaie au calembour en son honneur, mais bon...je ne sais même pas si ça se colle, du plâtre, suis un peu nul en bricolage non Ikea). J'encourage tous mes lecteurs qui ne le connaîtraient pas (les fous) à le suivre sans tarder sur les réseaux sociaux (facebook principalement) tellement c'est le plus drôle de tous les temps que je dois me cacher pour pas trop m'esclaffer comme ça dans la rue en repensant à un de ses dialogues, avant de foncer sur ses albums.
Le principe de mes interviews est le suivant : 5 questions que je pose en me posant devant mon écran, sans rien avoir préparé avant. Je fais du freestyle journalistique de haute volée. Chacun répond comme il veut, quand il veut. ça va être chouette. ça l'est déjà.
1- N'est-il pas un peu fatigant (pour soi hein, pas pour l'entourage, qui lui a droit à ses 12mn de rire par jour) d'avoir son cerveau qui ne raisonne qu'en termes de calembours ?
Je pense être plus fatigué par l'abus de soirée apéro-raclette (ATTENTION, SPOILER QUESTION 5 !!!) que par cette particularité de mon cerveau. J'ai entendu dire par des… par des… par des sportifs, n'ayons pas peur des mots, que la course à pied pouvait devenir une drogue, et que plus on courait, plus on avait envie de courir, plus on avait BESOIN de courir. Ça paraît inévitablement étrange pour des gens sains d'esprit qui préfèrent évidemment, le dimanche matin, manger des croissants aux OGM vêtus d'un pyjama en pilou qu'aller suer sang et eau en short en lycra… mais je veux bien l'admettre par ce que je suis ouvert d'esprit (et non pas "je me suis ouvert des Spritz). Bref, toujours est-il que j'ai le même problème que ces coureurs avec les jeux de mots, mon cerveau est en manque et dès que j'entends un truc j'ai tendance à y trouver un calembour. Je les garde trop peu pour moi, et, comme dirait Stupeflip "voilà le résultat".
2- Peut-on rire de tout sur internet sous prétexte que c'est bon, demain tout le monde sera passé à autre chose, ou est-ce que tu t'autocensures, parfois, surtout depuis certaines mésaventures en jaune (et paf, une référence de libraire bd aux Innommables, juste comme ça) ?
Eh eh eh… Jaune sépare pas le rire numérique du rire en papier ou du rire par échange réel de postillons. Du moins par parce qu'internet est un rouleau compresseur qui écrase tout ce qui s'est passé il y a moins de 4 minutes. Disons plutôt que certains gags passent mieux sur le web que sur papier ou qu'en réalité vraie, et inversement (et encore inversement parce qu'il y a trois situations). Et du coup, donc, si le sujet est particulièrement délicat, je réfléchis assez systématiquement à ce que je vais dire ou écrire, non pas pour éviter de choquer ou pour fuir d'éventuelles polémiques (Victor) mais pour être le mieux compris possible et si possible le plus "décalé" possible, parce que je trouve que l'humour fonctionne mieux s'il prend le sujet par derrière. Et NON il n'y a pas d'allusions sur cette dernière phrase. Ah et sinon, je vais répondre à la question aussi : OUI, on peut rire de tout sur Internet et ailleurs, on a simplement plus de chance de voir des justiciers de la vie et des pantalons taille haute arriver sur leur cheval blanc numérique si c'est sur Facebook.
3 - Ça en est où, Fluide Glacial, aujourd'hui, et à quel point c'est compliqué d'être constamment comparé aux grands anciens mythiques ?
Oh merde… pourquoi je ne suis jamais comparé aux grands anciens mythiques moi ? Ah putain… maintenant je m'en rends compte. Pffff, merci bien. Sinon Fluide Glacial aujourd'hui : moi je connais le Mag' en tant que lecteur depuis des lustres, en tant qu'auteur depuis 5 ans seulement et toujours avec Yan (Lindingre) aux manettes, et nous avons conservé les mêmes modes de fonctionnement basé sur un principe : "si c'est poilant, c'est bueno". La différence est plus sur la ligne éditoriale côté sortie BD, où Bamboo mise peut-être plus sur des albums "grand public" et une autre stratégie pour les sorties (par exemple ils nous ont demandé de bosser sur un tome 2 de Flic & Fun avec une sortie rapprochée du tome 1).
4 - L'humour n'a pas exactement le vent en poupe en librairie (ça changera peut-être et il y a des exceptions, mais on est loin des années 90), penses-tu que les projets participatifs soient la solution et perso je veux bien en savoir plus sur ton projet incroyable de discussions messenger avec des inconnues (partons du principe que ce sont bien des femmes).
Les projets participatifs ne sont pas "en-soi" une solution, tout dépend (j'espère) de la qualité de l'album derrière. Mais ils permettent de faire parler du bazar ET, je trouve, d'impliquer l'auteur dans sa promotion (moi ça me convient bien mais je pense que pour d'autres qui ont moins de temps ou moins d'appétences pour ça, ça n'est pas adapté). C'est la stratégie de Rouquemoute, qui est une toute petite maison d'éditions mais qui se démène beaucoup beaucoup beaucoup pour promouvoir ses bouquins, et penser très en amont la façon dont ils arriveront en librairie. C'est donc chez eux que je sortirai en juin "CONversations", qui compile l'essentiel des échanges réels et totalement absurdes avec des brouteurs qui cherchent à m'extirper de l'argent par le biais de l'amour, sur messenger (la messagerie Facebook). En toute objectivité ça va être un bouquin génial, pour lequel j'ai demandé à Fabcaro d'imaginer ce qui se passait de l'autre côté de l'ordinateur. On a pris le parti de se dire "imaginons que toutes ces conversations soient réalisées par une petite PME qui cherche par tous les moyens à m'avoir". De cette contrainte, Fabcaro a pu imaginer des dialogues délicieusement drôles qui viennent entrecouper chaque conversations ou donner un peu d'air si la conversation est très longue. Mais le plus simple pour comprendre ce serait que tu me donnes ton numéro de carte bancaire et ton code à 4 chiffres avec une copie de ta carte d'identité, merci, car tu sais l'amour c'est la confiance et ensemble nous irons loin vers le futur.
5 - Tu inviterais qui, idéalement, comme personnage de n'importe quelle époque, à une soirée apéro-raclette ?
Roland, un des héros de Flic et Fun. Je pense qu'on rigolerait beaucoup et qu'on aurait plein de sourires complices parce qu'il sort de mon cerveau mais EN MIEUX parce que Rudy Spiessert l'a rendu incroyable.
Merci Jorge !