All I want for Christmas, is you

Publié le par Le libraire se cache

Je l'ai souvent dit ces dix dernières années : j'aime beaucoup la période de Noël. J'ai la chance d'avoir eu une chouette enfance et adolescence et mes souvenirs de famille nucléaire au bord du sapin sont tous plus heureux les uns que les autres. Les repas et la course aux cadeaux forcés m'agaceront toujours un peu, mais j'aime bien l'idée du partage et de trouver un moyen de dire à ses proches que allez, malgré tout, je vous aime bien. C'est mon côté sentimentalo-propice à la nostalgie.

 

Bon et accessoirement, comme 40% des gens semble-t-il ont l'intention d'offrir un livre à Noël, ça m'arrange pour le boulot. 20% de 40% de gens qui iront en librairie, c'est pas rien (et 20% qui passeront par Amazon car quand même c'est pratique, on peut y mettre ses listes et puis c'est moins cher). Il reste une semaine encore, la plus chargée de l'année, mais je sais déjà que le mois ne sera pas catastrophique. Les clients sont au rendez-vous et l'offre aussi (y'a plein de très chouettes Bds à offrir dans des genres très différents, même pour tonton Pierre qui n'aime rien sinon rouspéter devant le Tour de France car quand même, au prix où on les paie, ils pourraient pédaler plus vite), et malgré la concurrence avec un C majuscule tout bleu, les ventes se maintiennent. Je préféreraient qu'elles s'envolent, mais bon, les tendances sont les tendances.

 

J'aime le mois de décembre alors même qu'il est crevant pour de vrai. On bosse tout le temps, sans trop de temps pour souffler, avec des journées occupées qu'à la vente et au conseil, à piétiner, ouvrir des cartons de commandes clients, piétiner encore, empaqueter, sourire, dire bonjour et au revoir et merci, parlez de nous à vos amis, et non, désolé, je n'ai pas de bolduc, et oui, ne vous en faites pas, j'ai caché le prix. Comme toujours. Parfois, on n'a pas envie de répondre aux demandes à la con (il y en a). Car autant j'adore les challenges et trouver pile ce qui fera plaisir, autant être face à un mur en crépi fondu de manque d'intérêt pour ce que je raconte (et je raconte super bien), c'est lassant. Mais ce sont des exceptions. De manière générale, et je dis ça sans démagogie aucune envers mes nombreux clients qui lisent ces lignes (coucou, vous êtes beaux), ceux qui viennent chercher des Bds pour leurs proches et moins proches sont plutôt à classer du côté des gens coolos. Le fait que je sois formidable aide sûrement, mais je dois reconnaître que c'est pas trop prise de tête. Personne pour me demander un livre illustré sur les chrétiens d'orient à travers les âges, mais pas avec des marges trop grosses et avec du beau papier. Moi c'est plutôt, au pire, bonjour, je n'y connais rien, il me faut une Bd pour ma nièce de 10 ans, un truc pour filles, du coup, clin d’œil clin d’œil, vous savez comme elles sont. Mais au final, je me couche vanné mais plutôt content de voir que l'offre que j'ai sélectionnée fonctionne et que les sourires sont au rendez-vous. Ils laisseront place à l'agacement de dernière minute du cadeau à trouver d'urgence et comment ça vous n'avez pas de Bds humoristiques sur les Gilets jaunes (ils font quoi chez Bamboo?), mais de ce côté je suis tranquille jusqu'au 24 (c'est toujours une journée très particulière, le 24. Il est assez fascinant de voir ce que les gens achètent complètement au hasard quand ils sont désespérés).

 

J'aime le mois de décembre autant que je déteste celui de novembre. Il n'a pas très bonne presse de toute façon, et j'ai beau être du côté des oppressés de manière générale, là je ne peux rien faire pour lui. C'est un mois pendant lequel je suis positivement débordé par les avalanches démesurées de sorties (mon stock augmente mécaniquement de 20% d'un coup d'un seul par le simple fait des nouveautés), chaque semaine étant occupée à trouver de la place pour le moindre centimètre, et les week-end à s'arracher les cheveux en pensant aux nouveautés à venir. Il faut ajouter à ça le mois de décembre à préparer (l 'offre ne se fait pas toute seule), les collectivités à servir (toutes les bibliothèques closent leur budget fin novembre début décembre), les commerciaux à recevoir (ils savent qu'ils mettent difficilement les pieds en librairie en décembre) et toute la gestion au quotidien d'une échoppe. C'est du jonglage permanent, mais pas du jonglage sympa avec des gens qui font la roue autour de vous et des spectateurs qui applaudissent. C'est comme jongler des choux de Bruxelles avec quelqu'un qui vous forcerait à manger tout ce qui tombe par terre. Super le mois de novembre. Merci bien.

 

D'ailleurs, vous noterez (ou pas) que je n'ai quasiment rien publié ce mois-ci, et je n'ai même pas trouvé de temps ou d'énergie pour poser des questions à des gens fascinants. Tout ça reprendra à la rentrée !

 

Bon allez.

J'y retourne.

J'ai des Noëls à sauver.

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