I'm sparkin' it, play the quarterback
Avec les réseaux sociaux, on a un peu l'impression qu'il suffit de publier une info pour qu'elle se propage façon traînée de poudre avant même d'avoir clické sur le bouton envoyer.
Je pars donc du principe que à y'est, vous avez tous l'info.
Celle qui me concerne.
Ma grosse info.
Celle qui a fait du tremblement niveau -4 sur l'échelle de Richter mais qui personnellement m'a pas mal secoué, si j'ose filer la métaphore.
Mais pour ceux qui ne me suivent ni sur twitter (aka le réseau de la haine, mais bon, je l'aime quand même) ni sur facebook (aka le réseau moribond, mais bon, idem), je me dis qu'il serait dommage de ne pas poursuivre dans l'esprit de ce blog et de ne pas écrire sur le sujet. Ça fait longtemps, d'ailleurs, que je n'ai pas écrit sur un sujet. Autant que ce soit sur moi.
Il y a quelques mois, je reçois sur ma ligne secrète (bon, j'ai le même numéro depuis que j'ai un numéro, donc le secret est un peu éventé. C'est pas exactement le 07 d'Obama. Je méprisais grandement ceux qui avaient un portable, il y a 20 ans. Je trouvais que c'était une nuisance. J'ai vite changé d'avis) un appel secret lui aussi, d'un auteur inconnu et que j'aime et qui m'aime (bon, peut-être que la réciproque est un peu moins vraie, mais je suis à un stade dans ma vie où j'ai accepté ce genre de légère désillusion. Oui je sais, c'est un peu triste) et qui m'a demandé si bonjour, ça te dirait d'être auteur Bd ?
J'ai regardé autour de moi (j'étais à la librairie, mon mug de café matinal posé devant moi), jeté un œil aux 10 000 livres présents, aux cartons qui jonchent le sol attendant d'être renvoyés à l'envoyeur et j'ai répondu que heu, t'es sûr, moi je suis libraire, je sais juste écrire des bêtises sur l'Internet pour amuser les réseaux sociaux et faire en sorte que Caramail soit de nouveau un trending topic (non mais pour comprendre, faut me suivre sur les réseaux, ce qui va à l'encontre du but de ce message. C'est pas très cohérent tout ça), j'ai l'imagination d'un poireau au bord de la plage, vraiment, je suis pas sûr, moi, moiteurs de mon front blême, tout ça tout ça.
Mais si. Moi j'y crois, a-t-il répondu.
Je suis une personne qui est assez sûre d'elle, en général, mais je dois reconnaître que certains ont de l'influence sur moi. Si Boris Mirroir me dit 'ce jeu est génial', je cours l'acheter. Alors même que je ne joue plus depuis 20 ans (ça doit avoir un rapport avec l'arrivée des portables). J'ai pas dit que j'étais malin hein.
Toujours est-il que cet auteur-là a toute mon admiration et mon oreille attentive et s'il dit que je peux le faire, alors ma foi, je vais lui faire confiance.
J'ai proposé une histoire.
Histoire qui s'est imposée à moi au fur et à mesure de ma documentation (je ne peux pas trop en dire, sinon que la thématique principale ce sont les débuts du football américain au début du 20e siècle).
Et que j'étais tout heureux de pitcher (oui, on parle avec des mots anglais dans le milieu des écrivains de Bds).
Il a ensuite fallu trouver un dessinateur ou une dessinatrice.
Ça n'a pas été simple (ça ne l'est jamais), mais les astres se sont parfaitement alignés le temps d'un instant et la rencontre s'est faite.
Des essais ont été faits.
Il y a eu beaucoup de sourires d'impatience et de satisfaction, beaucoup de ohlala c'est trop bien, han mais oui c'est exactement comme ça que je le voyais, pfiou dis donc, c'est quelque chose, bon, tentons de convaincre Guy.
Guy, c'est Guy Delcourt.
Qui fut tout à fait convaincu.
Et qui nous l'a prouvé en nous proposant un contrat.
Ça, c'était la semaine dernière.
Après quelques mois, donc.
Je traîne dans ce milieu depuis bientôt 13 ans, j'écris à son sujet depuis 11 ans et j'ai eu des discussions passionnantes avec nombre de scénaristes que j'apprécie particulièrement. J'espère qu'ils ne m'en voudront pas de venir m'installer un temps sur leur pré-carré de plate-bande. J'ai beaucoup trop conscience des enjeux et des subtilités de la chaîne du livre pour ne pas être pragmatique.
Je vais juste faire tout mon possible pour être content et fier de ce que j'aurai écrit.
Y'a du boulot.
Beaucoup.
Et je suis une feignasse, sauf quand ça compte.
Je suis toujours épaté par les chemins de vies qui se créent ou se défont.
Là tout de suite je suis très heureux.
Et je compte bien le rester encore longtemps.