bibliobus embouteillé

Publié le par Le libraire en question

Je souhaite présenter mes excuses aux Jeudis, que j’ai facilement dénigrés la semaine dernière, en affirmant globalement qu’ils ne servaient à rien, encore plus quand ils se retrouvent, hasard du calendrier, en fin de mois (ce qui arrive régulièrement).

 Aujourd’hui c’était un peu foufou l’esquimau. Mes plus gros clients, mes moyens clients, mes petits clients, mes boulets, les parents des boulets, tout le monde s’est donné rendez-vous à la librairie aujourd’hui, ça avait presque des airs de kermesse, sauf que j’ai nulle part où mettre le chamboule tout (ça a toujours été un de mes grands regrets).

 Et au milieu de cette foule de foire, deux bibliothécaires qui venaient faire leurs courses. J’aime beaucoup conseiller les bibliothèques, notamment car j’aime l’idée que mes coups de cœur seront lus, dans le meilleur des cas (c'est-à-dire si elles sont un peu conseillées par la suite) par tout plein d’abonnés, éblouis par tant de justesse et de subtilité, et le monde n’en sera que meilleur.

Sauf que souvent, je suis confronté aux deux problèmes suivants :

 1/ Les bibliothèques ont un budget réduit et se cantonnent souvent aux suites de séries en cours

2/ Elles privilégient ce qui sort le plus, c'est-à-dire tout ce qui est balisé et plaît à un spectre le plus large possible

 Résultat : je suis frustré. Les bibliothèques sont aussi là pour élargir les horizons culturels de nos concitoyens (en qui je crois) et pas seulement leur permettre de lire le dernier Lanfeust presque gratuitement.

 Je ne ferai cependant pas de généralités, car il n’y en a pas à faire : certaines sont frileuses, certaines sont dynamiques, et d’autres n’en ont rien à faire et laissent les plus populaires rester populaires, tandis que la petite grosse à lunettes qui garde le sac de sa copine mais qui est toute belle de l’intérieur quand on gratte les boutons, elle reste à sa place.

 Aujourd’hui, c’était un mix de tout ça : minimum de prise de risques, mais choix intéressants pas forcément faciles.

 « vous devriez prendre Calvin & Hobbes, y’a rien de mieux pour la jeunesse et les autres »

Je leur montre un des tomes en stock et elles me répondent que ouhla non, ça va pas, c’est en noir et blanc, aucune Bd noir et blanc ne sort.

Je vais devoir trouver un autre moyen de façonner les jeunes à mon image…

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G
aah le jeudi, on pourrait écrire une thèse sur le jeudi des commerçants...
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L
Je suis jeune et j'adore Calvin et Hobbes !<br /> Mais en même temps je suis l'une des rares jeunes qui aiment le jazz et sont curieux(ses) au point de lire un peu tout ce qui leurs tombe sous la main. J'ai même essayé Zola de mon propre chef. Mais j'ai pas aimé.
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U
kLaVIN é ObS pawaaaaa !!!!<br /> <br /> (désolé, pas pu m'empêcher, c'était bien un billet sur calvin et hobbes ? j'ai pas lu autour des mots que c'est moi que quand je les lit ça fait tilt "oh! clavinerobs trop cool je les connais en fait et comme 20 millions de gens je trouve ça trop cool calinéropse il faut vite que tout les gens il le sache !!!!!")
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D
Ppff comprennent rien ces bibliothécaires, c'est gé-nial Calvin et Hobbes !!!
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D
Pour réagir au commentaire de Bruno :<br /> C'est vrai, on dit rarement "abonnés" alors qu'on parle d'"abonnement". Il y a quelques gros mots à éviter comme ça. "Clients" par exemple ou "marketing" aussi, ce sont des gros mots de bibliothécaires :-)<br /> Désolé si je parais un peu sectaire mais si, on peut mettre dos à dos des éditeurs comme Soleil et Cornélius (par exemple). La finalité n'est pas la même et la qualité éditoriale non plus. Et puis entre demandes des lecteurs, explosion des sorties et "poids" des séries sur le budget, le temps de constitution d'un fonds de qualité est de plus en plus long et difficile. Surtout si tu veux des fonds de qualité dans la BD européenne, le manga et le comics (au sens BD anglo-saxonne).<br /> Si effectivement des passerelles existent (Poisson Pilote par exemple), il faut des professionnels (libraire et/ou bibliothécaire) pour favoriser le passage. D'où l'importance de l'implication de ces derniers dans leurs fonds, ce qui n'est pas toujours évident.<br /> Personnellement, je n'ai pas encore vu un amateur du Donjon de Naheulbeuk passer à un David B. Pour l'instant, mes lecteurs lisant l'association avait déjà pas mal tourné sur des choses plus exigeante au départ. <br /> Attention, je ne me pose pas comme le Saint Guide menant le troupeau. C'est pas l'idée hein !<br /> Au passage, j'aime beaucoup Manara, en terme de qualité BD évidemment ;-)<br /> <br /> Pour répondre à Flemouze : pour moi, la culture pour tous c'est AUSSI répondre aux demandes des abonnés (en "triant" dans ces suggestions) tout en essayant d'élargir le plus possible leur horizon. La notion de pluralisme (essayez de représenter l'ensemble des courants d'opinion/de l'édition) est la base du métier de bibliothécaire.<br /> Imagine une bibliothèque où tu ne trouves que des romans importants et ultra-complexes, que de la BD d'auteurs, que des ouvrages scientifiques de haute-volée.<br /> Que fais-tu de la mamie qui veut son roman sentimental / du terroir et qui n'a surtout pas envie de casser la tête avec le dernier Le Clezio (très bien au demeurant mais là n'est pas la question), où du jeune qui veut son manga parce que voilà il n'a pas les moyens de l'acheter ?<br /> Ceux-là tu ne pourras même par leur dire "ah non, on n'a pas ça mais vous pouvez lire ça" parce que tu ne les verras même pas. Une fois peut-être mais c'est tout.<br /> Tout ça c'est un équilibre assez précaire entre best-sellers et indépendants, mais je pense que les bibliothécaires (plutôt tournés vers la 2e partie) ont bien conscience de leur rôle de soutien à la petite édition (enfin pour l'instant je n'ai pas rencontré de bibliothécaires inconscient). Si, on ne jouait que sur le résultat et le nombre de prêt on n'aurait plus depuis longtemps de rayon Poésie ou Théâtre.<br /> <br /> Bon décidément, je suis trop bavard.
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