Off with their heads
Quand j’étais enfant, j’avais une imagination débordante de n’importe quoi. J’étais intimement persuadé qu’il existait un monde magique souterrain où se retrouvaient tous les personnages que je voyais dans mes Bds (je lisais Pif Gadget et Mickey Parade, donc ça allait de Pifou à Iga Biva en passant par Arthur le fantôme. Pas Rahan, car lui il foutrait le bordel à coups sûrs, mon imagination n’était pas encore masochiste). On ferait griller des marshmallows, on jouerait à la marelle, on ferait des rondes en chantant « dans ma maison sous terre », bref, le bonheur.
Et comme je n’ai jamais trouvé la fameuse entrée secrète, j’ai décidé de devenir adulte à la place, de gagner ma vie et d’avoir une boîte aux lettres. Je suis à l’abri des taupes, mais ça manque de folie tout ça.
Jusqu’à ce matin.
Car ce matin, j’ai eu l’impression de rencontrer un personnage de Bd que j’aime bien : Splata, la « mère » dans Zorn et Dirna, ou plutôt le corps qui l’héberge. Je vous invite à vous référer à l’image ci-après, sachant qu’elle est à gauche, avec ses gros bras énormes de femme frêle. (profitez-en, c'est pas tous les jours que je mets des images)
Il doit mesurer à peu près 2 mètres et a une démarche incertaine due à son pantalon qui lui retombe en bas des fesses, laissant apparaître un caleçon noir du plus bel effet, mais que j’aurais tout de même préféré ne jamais apercevoir (je me tiens éloigné autant que possible des sous vêtements de mes clients, c’est une hygiène de vie à laquelle je tiens). Il a la même tête que Splata (mais pas le même nom, enfin je suppute), les mêmes cheveux, la même carrure, mais ce qui les différencie, c’est le bas. Je vais vous demander un effort de visualisation et d’imagination, car c’est pas triste (j’aime bien cette expression). Le pantalon est ample vers le haut (ce qui explique le caleçon et le remontage permanent dudit pantalon) mais serré vers le bas, ce qui a l’avantage de lui permettre de le rentrer dans ses bottes. Enfin ses bottines. Enfin ce sont plutôt des moon boots blanches, en fait, du plus bel effet. C’est un peu à ce moment là que je me suis réveillé et rendu compte que mon monde magique n’existe pas tant que ça, car je vois pas bien pourquoi on aurait besoin de moon boots tout là bas tout en bas parmi les marshmallows grillés.
Il a commencé par feuilleter quelques Bd, handicapé par un sac dans sa main droite que visiblement il ne devait surtout sous aucun prétexte laisser par terre (moi aussi parfois je me fixe de tels objectifs : ne marcher sur des dalles qu’en diagonale, par exemple). Il posait donc la Bd à plat, tournant les pages de la main gauche. Bon, il s’est retrouvé un peu coincé quand il a tenté d’en lire une qui était dans un fourreau. Pour la retirer, pas de problèmes, suffit de secouer un peu (j’observais de loin, j’aime pas trop qu’on fasse du mal à mes livres, j’aurais été prêt à lui sauter sur le dos et tournoyer avec lui en lui tapant dessus de mes petits poings musclés). Par contre, pour la remettre d’une main, c’est déjà moins pratique. Il a essayé pendant une bonne minute. A un peu grommelé (mais une sorte de grognement mi bête mi femme) et a finalement abandonné : il a posé son sac par terre, car son éducation lui interdit de ne pas ranger ce qu’il a dérangé, et remis le livre à sa place.
Puis il est parti, remontant son pantalon une dernière fois, comme pour me dire de bien profiter du spectacle, qu’il ne se reproduirait pas de nouveau. J’aurais du faire comme Alice et le suivre mais bon, j’avais du boulot, Noël se prépare pas tout seul.
Et sinon je vais en profiter pour souhaiter un Joyeux anniversaire à mon frangin, qui normalement devrait se reconnaître, car lui connaît mon identité secrète depuis 27 ans. Je propose donc que nous chantions tous en cœur une chanson de Patrick Bruel de votre choix. Joie.