Va, cours, vole et range
Alors voilà, pour ceux d’entre vous qui n’ont pas imprimé le calendrier des cours de l’INFL et accroché dans leur bureau comme moi, sachez que cette semaine c’est la rentrée pour nos petits g ars et garces apprentis de première année de BP.
J’en suis tout ému.
J’ai abandonné le mien samedi soir après une rude journée de boulot en lui souhaitant d’avoir des profs sympas et de se faire rapidement des copains (‘et n’oublie pas, dès le premier jour tu tapes sur le plus fort d’entre eux pour montrer que tu vas pas te laisser emmerder’) et surtout de rester éloigné de l’omelette de la cantoche (y’en a une à l’infl d’ailleurs ?).
Il faudrait que j’aille y faire un tour d’ailleurs un de ces quatre, s’ils veulent bien de moi comme intervenant exceptionnel d’exception, histoire de leur inculquer un peu de ma sagesse légendaire et de les préparer à la jungle sans pitié constituée par les clients de librairies diverses et variées. Je porterais mes oreilles de Bill histoire qu’on me reconnaisse pas, et je mettrais une cape rouge sur ma loutre pour les mêmes raisons, ça va de soi.
Toujours est-il que ça va lui faire tout drôle de retourner sur les bancs de l’école obligatoire et laïque après avoir passé 1 mois ½ merveilleux à mes côtés à découvrir les joies de la vie active et de ma vie active. Et moi j’observais toutes ses premières fois.
Le premier encaissement sans trembler.
Le premier retour validé comme un grand.
Les premières nouveautés bien rentrées dans le logiciel sans que j’aie à froncer les sourcils avec mes mains sur les hanches.
La première explication de comment que ça marche, la carte de fidélité et de pourquoi qu’il faut absolument nous être fidèles sinon on dépérit et on fane de l’intérieur par manque d’amour et d’eau fraîche.
Le premier conseil à peu près réussi.
Les premiers rejets (‘oui heu non je vais attendre que votre collègue se libère, merci’). De toute façon c’est pas plus mal, si les clients se mettaient à le préférer à moi, je me verrais dans l’obligation de le virer, et allez trouver un autre apprenti en plein mois de Septembre…
Et évidemment les premiers bobos qui sont trop longs à lister, mais disons juste que la trousse à pharmacie est aussi fidèle en amitié que Google.
C’est qu’il a bien grandi, en 6 semaines, le regard est moins fuyant, le poil plus lisse et je sens qu’il est parfaitement capable de choisir le sac (en plastique biodégradable, promis, et en plus je demande systématiquement si le client en veut hein, alors bon ça va hein) en fonction de la taille des livres et leur quantité. Ça demande une certaine pratique, c’est pas intuitif, c’est la dure loi de derrière le comptoir.
Bon, par contre c’est bien gentil d’être ému et fier et d’avoir acheté des nouvelles baskets avec la prime de rentrée, ça n’enlève rien au fait que demain je suis tout seul. Avec mon rendez-vous bibliothèque, mes dix cartons d’office Hachette et mon rendez-vous DDL du plus gros programme de l’année (ça sent le teen spirit et le Largo winch et le Thorgal et le Blake et Mortimer et le Murena). Il a tout compris au monde du travail : se barrer avant la tempête.
Sale gosse.