I like to eat rice cakes and listen to classical music

Publié le par Le libraire se cache

Ce qui est chouette avec ces interviews, c’est que je peux poser plein de questions à des gens que je trouve trop coolos. J’ai déjà dit sur les réseaux sociaux (les fameux) tout le bien que je pensais de la nouveauté de Sibylline, Capucine et Jérôme d’Aviau, à savoir Rat et les Animaux moches (oui, il y a une majuscule à animaux dans le titre, j’ai trouvé ça approprié), et il me paraissait évident que j’allais bien rigoler en lisant leurs réponses. Surtout que Capucine, pendant longtemps, a animé un jeu des 1 000 euros en live sur son compte facebook, c’est dire si elle est forte en réponses elle aussi.

 

Bref, tapotons des mains en asmr tous ensemble en chuchotant ouiiiiiii !

 

 

1 - C'était une évidence, pour vous, de travailler ensemble d'une manière ou d'une autre, ou purement le fruit du hasard ? (ou est-ce que Sibylline a dit "oui non ton dessin il va pas mais tu peux faire le lettrage, si tu veux")

 

Sibylline : Quand j’ai rencontré Capucine, j’ai très vite eu envie de faire des histoires avec elle. Mais elle m'impressionnait vachement.

Mais si je rétrospective, mine de rien, ça s’accumule pas mal. Une histoire dans “Nous n’irons plus ensemble au Canal Saint Martin”, une histoire dans “Premières Fois”, une histoire dans “Axolot”, une histoire de Noël dans un magazine Spirou, Mes mots sous sa plume pour “Alphonse Tabouret” et “Rat et les animaux moches”, et on prépare un truc pour bientôt, rien que toutes les deux, et je tapote dans mes mains en faisant “ouiiiiiii” à chaque fois que j’y pense (et pour celui-là, c’est Capucine qui dessine, et l'ordinateur qui va faire le lettrage).

 

Capucine : J’ai des coups de coeur pour certaines personnes qui savent exactement ce que j’ai dans la tête, et qui savent écrire ce que je voudrais dessiner. Il y a Olivier Ka, il y a Libon, et il y a aussi et surtout Sibylline. Quand elle écrit j’ai les images dans la tête qui arrivent tout de suite. Mais il ne faut pas lui dire, j’aime l’idée que je l’impressionne.

Concernant la calligraphie, c’est quelque chose que j’aime énormément, comme la discipline artistique qu’elle est à part entière (j’ai une passion pour les plumes). Donc, même si je sais que souvent dans la BD, c’est très très secondaire, j’aime cette idée que tout soit bien soigné, je suis maquettiste en parallèle, et donc j’ai l’idée du livre comme un tout (j’ai une passion pour les livres).

J’ai plusieurs métiers, j’aime alterner, dessiner pour adulte, pour enfant, calligraphier, mettre en pages, peindre, tricoter, faut qu’ça bouuuuge !

 


2 - Quand on fait une suite à un livre aussi fabuleux que Le trop grand vide d'Alphonse Tabouret, j'imagine que l'écueil à éviter, c'est la répétition. Alors même que du côté de Capucine, le but est de surtout faire les lettres toujours de la même manière. Vous la gérer comment, chacune, cette relation à la répétition ?

 

Sibylline : Allons, allons. (Hihi, merci merci !)

Sinon, eh bien, je ne sais pas, je ne sais pas...

A force de me demander si ce n’était pas la même histoire, j’ai fini par me dire que ce n’était pas grave grave.

 

Capucine : Eh bien figure toi que je n’ai pas du tout écrit ces textes de la même manière que pour Alphonse, alors pour moi aucun problème (si si, regarde mieux, la plume n’est pas la même elle est hyper plus classe, c’est une baïonnette Baignol & Farjon, et l’écriture est très différente).

 

Sibylline : D’ailleurs, à la fin de “Rat et les animaux moches”, dans les bonus en réalité augmentée, y’a une vidéo de Capucine qui écrit, c‘est mieux que de l’ASMR.

 


3 - Votre nom d'autrice, c'est votre prénom. C'est pas super pratique quand on fait une recherche pro dans la base de données livres, mais c'est un peu la classe, de se dire qu'il ne peut y en avoir qu'une. C'est parce que vous trouvez vos prénoms suffisamment spécifiques pour que ça ne pose pas de problème, par flemme de trouver un pseudo, ou juste parce que nom plus prénom ça fait trop formel ?

 

Sibylline : Je crois bien que je ne suis jamais posé la question du pourquoi. (#panique)

Du coup, je vais essayer de me souvenir d’une bonne raison sans trop inventer.

Je crois qu’à l’époque où je répondais au téléphone de l’accueil de Delcourt, mon mail, c’était mon initiale de prénom + mon nom de famille, et c’était l’enfer à épeler au téléphone.

J’ai opté pour Sibylline-tout-court, mais c’était trop long, du coup, Sibylline tout court, c’était bien, et j’étais sûre de me reconnaître.

 

Capucine : Depuis mes 12 ans, je prends des pseudos. D’abord pour les secrets avec mes copines, j'étais “Mortimer”. Puis en 4e, je suis passée aux pseudos pour le dessin avec “Zobi la Mouche” qui m’a tenu 2 ou 3 ans. Puis ensuite je me suis aperçue que j’avais un super pseudo servi sur un plateau bien à moi : Capucine. Comme en commençant la BD, je faisais ça sur mon blog, en amateur, ça me permettait de me distinguer de mon autre métier.

 

Sibylline : Je vais plutôt t’appeler Zobi la mouche, maintenant. _o/

 

Capucine : Ah bin super génial, bravo la France.


4 - Vous avez toutes les deux livré des récits autobiographiques, qui est un genre ultra compliqué en soi. C'est quoi la formule pour se démarquer des 356850 autres projets autobio qu'on voit débarquer chaque semaine ?

 

Sibylline : C’est un genre compliqué, peut-être… et en même temps, l’histoire est déjà écrite, il n’y a plus rien à inventer, en plus y’a même une fin. C’est pratique. (moi j’ai trouvé ça pratique).

Un bout d’autobiographie, c’est souvent l’occasion de parler d’un sujet en particulier, il y a thème, en plus du “moi”. Pour que ça marche, p’têt qu’il faut que l’histoire fasse écho, même si, en tant que lecteur, on est très éloigné du thème.

J’ai l’impression d’être en DST de philo et j’ai arrêté l’école en première, c’est l’enfer cette question.

Quant à se démarquer, je ne crois pas que ça a été un enjeu. Je voulais juste que les gens qui le lisent trouvent pas ça trop nul.

 

Capucine :  En ce qui me concerne, les gens qui me connaissent savent que j’aime bien raconter des trucs qui m’arrivent, beaucoup, trop, même si ça n’a aucun intérêt, et souvent ça les fait marrer. Cela ne veut pas dire que c’est ce que je fais avec la BD, mais cela veut juste dire que pour moi, raconter ma vie c’est le seul scénario que je puisse me permettre, avec lequel je sois à l’aise et qui me semble, avec l'entraînement, pas si compliqué. Ecrire un scénar imaginaire me plonge dans des abîmes d’angoisse, j’ai beaucoup lu d’excellents livres, je suis beaucoup trop critique (j’en ai un dans mes cartons, depuis une dizaine d’années, abandonné). Après pour l’autobio, je sélectionne des trucs intéressants genre “la grossesse” parce que ça, c’est un truc assez fou, et qu’il n’y a pas tant de récits qui la racontent simplement, au jour le jour (quand je l’ai fait en tout cas, à part Dodo et Ben Radis, ou le Peeters qui est sorti en même temps et qui était tout de même très spécifique, il n’y en avait pas tant). J’avais vraiment l’impression de pouvoir apporter quelque chose à un lecteur potentiel. Je n’essaie de me faire publier que quand je suis convaincue que ce que j’écris ou que je dessine pourra avoir un sens pour quelqu’un.

 


5 - Vous avez travaillé toutes les deux (et Sib c'est toujours le cas) pour de grands groupes d'édition. C'est quoi l'évolution la plus flagrante que vous ayez pu observer ces 15 dernières années ?

 

Sibylline : Tu ne nous a pas demandé ce que ça faisait d’être une femme dans la bande dessinée. :)

 

Capucine : Bonne question… Peut-être la “normalisation” (je ne sais pas si c’est le mot adapté mais je n’en trouve pas de mieux) de l’ouverture de la BD à plein de publics différents. Des maisons historiquement jeunesse ont des collections bien installées “romans graphiques” ou “reportages” et ça ne semble plus être des OVNIS-venus-des-maisons-indé. Cela amène des auteurs et autrices de plein d’horizons et styles différents, et cela me réjouit beaucoup. Et sinon je vais parler de la BD en général, je suis admirative aussi de ces groupements d’auteurs qui bougent et font des trucs super chouettes ensemble genre La Revue Dessinée ou Topo. Voilà voilà !

 

Sibylline : Ah oui, hihi. Y’a tout ça aussi qu’est super.

 

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