ça s'arrange pas

Publié le par Le libraire en question

Je ne sais pas si c’est l’hiver qui revient ou le printemps qui finalement s’éloigne, mais il y a une sorte de torpeur unanime en ce début de semaine, c’est quelque chose.

 

C’est la fin du mois, les soldes et les étrennes sont passées par là, plus personne ne vient me voir pour dépenser son bas de laine alors même que j’ai reçu tout plein de nouveautés qui prennent tout plein de place et qui ont enfin foutu dehors toutes ces vieilleries de l’année dernière. Place aux jeunes, que diable, vous croyez quoi, que vous avez une espérance de vie de plus de deux mois, allez zou, en rang deux par deux, mettez vous en piles et oubliez pas de pointer (‘that’s what he said’).

 

Je ferais bien des retours pour m’occuper (l’équivalent de se curer le nez quand on s’ennuie en voiture à un feu rouge), mais je n’ai plus de cartons vides. C’est trop bête. J’ai bien de la paperasse en retard mais pfff.

 

La dernière fois que je me suis senti aussi inutile sur mon lieu de travail, ce fut quand j’étais chargé, un été, de garder le musée local. Oui, parfaitement, j’ai été gardien de musée. La dénomination est d’ailleurs parfaite, car c’est exactement ce que je faisais : garder des murs. C’est pas comme si les visiteurs se bousculaient au portillon comme un matin des soldes. Ou comme un matin normal tout court tout bête, d’ailleurs. J’étais dans un no mans land au centre du triangle des Bermudes. Personne ne voulait voir mes estampes Japonaises (non, ce n’est pas une image douteuse, je parle de vraies estampes), pas même le club de bridge local. Moi qui avais peur de m’y perdre parmi toutes ces réductions : réductions chômeurs, invalides de guerre, jeunes, pas jeunes mais presque, vieux mais pas trop, vieux mais plus pour longtemps, tarifs de groupe, tarifs spécial mercredi etc. Je me demandais même si j’arriverais à découper les coupons de manière parfaite. C’est que j’ai le souci du travail bien fait moi, comme vous avez pu maintes fois le constater ici même.

 

Enfin bon, le cadre était agréable, il faisait beau, j’étais un oiseau en cage au Japon, j’avais encore toute la vie devant moi et l’insouciance des cheveux qui poussent encore. Mais ça n’enlève rien au fait qu’il n’y avait rien à faire à part attendre. Pas même une machine à café où parler à mes amis imaginaires (j’ai une imagination débordante), car ces derniers ne sont évidemment pas autorisés à venir derrière le comptoir, il faut savoir poser des limites. Ma meilleure amie pendant ce mois fut ma fidèle gameboy. Et mon non moins fidèle Tetris. J’en ai fait décoller des fusées, moi, je peux vous le dire.

 

Qu’est ce que j’en ai fait d’ailleurs de cette gameboy ? Elle me serait bien utile, présentement, ce serait un peu plus retro-cool que de jouer à Bubble Spinner sur mon ordinateur, et je suis sûr qu’une foule se formerait à l’extérieur, agglutinée à la vitrine, retenant son souffle, une rumeur parcourant la ville : ‘y’a le libraire qui va faire décoller la fusée, venez voir !’.

 

La gloire tient à peu de choses.

 

D’ailleurs, en parlant de retenir son souffle, je pense que je vais me mettre à l’harmonica. Justement pour pouvoir jouer seul dans ma librairie quand vraiment j’ai trop le blues et qu’il faut que ça sorte. La classe quoi. Manquera plus que le porche et le sac à puces. Ça doit pouvoir s’arranger.

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H
<br /> Bonne idée pour l'harmonica, ça donne de suite "une patine" et un côté old west plus difficile à obtenir avec une flute par exemple. Si Ricky Gervas jouait d'un instrument ce serait un harmonica.<br /> Indubitablement.<br /> <br /> <br />
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I
<br /> J'espère que le sclients vont se réveiller dans 2 semaines !<br /> Et j'aime beaucoup le "vieux mais plus pour longtemps". <br /> <br /> <br />
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L
<br /> même s'ils hibernent, je leur mettrai l'album dans les mains, c'est promis<br /> <br /> <br />
M
<br /> Plus de carton ??<br /> Allez... en cherchant bien, tu devrais trouver: tiens, celui qui traîne là-bas chez tes parents et dans lequel tu as sûrement dû ranger ta gameboy...<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Et ben si ça peut vous consoler, c'est aussi mort dans la concession (autos), vente et atelier compris, et nous nous morfondons....... Quoi que fondre, ce serait bien !<br /> La neige, elle, tombe et ne fond pas, ce qui explique le peu d'enthousiasme des clients. Seul avantage, MOI j'ai un libraire blogeur pour me distraire....<br /> On a un stagiaire "observation entreprise" cette semaine, il aura surtout appris à faire semblant de.... ou s'occuper d'un rien !   Bon courage, le week end arrive, et son lot de curieux<br /> en tous genres.   BiBi<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Oui oui certe, mais renseignements pris, "that's what she said" vise à add sexual inuendo à une phrase qui n'en avait pas et je trouve que tu add beaucoup de sexual inuendo, quand même.<br /> Je dis ça, je dis rien.<br /> Tiens, rien, plutôt.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> et encore, c'est meme pas le printemps...<br /> <br /> <br />