Symphonie en Ré Mineur
Mercredi 18 Septembre, 11h35
Aujourd’hui je fus transporté 20 ans en arrière. Pas à la manière de Taniguchi et de Quartier Lointain car bon, faut pas se leurrer, c’est chouette comme livre mais super pas réaliste (j’ai pris le train pendant des années et ça ne m’est jamais arrivé), mais plutôt à la manière de Proust, en sentant une madeleine.
Je reniflais donc un granola (bien meilleurs que les pepitos, y’a même pas un début de débat sur la question) pour vérifier qu’il était encore bon (je fais très attention à la nourriture que j’avale. Enfin, je mange plein de cochonneries, mais faut surtout pas que ça sente l’œuf pourri ou le lait tourné, j’aime autant), quand soudain apparaît devant moi mon idole de mes 10 ans : mon maître de CM2.
Il a presque autant changé que moi (j’ai à peine grandi, mais par contre à l’époque j’avais moins de barbe), je ne l’avais pas revu depuis 1988, mais je l’ai reconnu de suite. C’est comme ça qu’on reconnaît une personne qui vous a marqué, j’imagine. Quoiqu’en y repensant, je suis pas sûr que je saurais reconnaître la sorcière qui nous servait des épinards/œuf dur à la même époque de mon enfance insouciante. C’est qu’il y avait autre chose, alors. C’est rigolo, mais je me souviens qu’à l’époque je lui avais dit que j’aimerais écrire un livre, et je lui avais demandé conseil pour être publié. Il m’a tranquillement expliqué que ouhla, c’est pas comme ça que ça marche, et tu sais, y’a plein d’intermédiaires, et faut réussir à convaincre un éditeur etc etc. C’est toujours plus diplomate que de répondre que écoute coco, t’as 10 ans, tu te prends pour qui, Mozart ? Va plutôt réviser tes révisions.
Si ça se trouve, alors qu’il aurait eu le pouvoir de me dégoûter du livre et de toute forme d’expression littéraire, c’est lui qui a gardé cette petite flamme allumée quelque part, flamme qui a vacillé du côté de ma librairie pour enfin s’épanouir.
J’ai enfin l’occasion de le remercier d’avoir été chouette comme tout (il organisait des sorties vélo tous les ans, c’était une occasion rêvée de se rapprocher de la gente féminine et demander à chacune de qui elles étaient amoureuses, avant de crier VOITUUUUUUUURE).
Et en plus, je crois qu’il est sincère quand il me dit qu’il se souvient de moi (je le comprends, moi-même à sa place…).
Bon allez, ce soir je rentre chez moi, j’appelle mes parents et je leur demande ce qu’ils ont fait de mes albums panini.