c'est formidable les copains
Je ne sais pas si c’était l’excitation due aux soldes, au verglas qui sombre sous le gros sel, à la rentrée des classes ou la simple joie de me revoir après quinze jours d’huîtres, foie gras et galettes (perso je préfère la frangipane, je comprends même pas qu’on échange des amandes contre des pommes, même s’il faut reconnaître que le mot ‘frangipane’ est assez moche et ne donne pas envie de l’entendre prononcé à voix haute), mais ce qui est sûr c’est que mes clients étaient particulièrement pénibles aujourd’hui.
Ce qui ne m’empêche pas de les aimer chacun d’un amour tendre, paternel ou fraternel hein, malgré leurs défauts apparents (surtout aujourd’hui, donc) et même si parfois je voudrais les étrangler quand ils refusent d’aller au centre aéré parce que, soit disant, ils s’y ennuient. Que ne donnerais-je pas pour avoir de nouveau le loisir de m’ennuyer ! Goûter de nouveau aux joies des siestes imposées, de l’insouciance de la jeunesse, jouer aux billes, à l’élastique, avoir le droit d’avoir tout plein d’amoureuses sans qu’on nous regarde de travers. Mais bon je digresse et suis pas sûr d’être facile à suivre, peu importe, ce qu’il faut retenir c’est que papa n’aime pas être dérangé quand il essaie de travailler.
J’avais ce sentiment mélangé de vouloir tous les embrasser (enfin des clients, enfin des boulets après tant de paquets cadeaux, tant de livres bipés à l’inventaire, venez à moi, comme vous avez grandi) et les frapper à la fois (c’est une image, je suis non violent, je ne giflerais pas une mouche).
Bon, après, je suis un professionnel, je sais comment gérer avec le sourire ferme du mec qui gère, et puis bon, un coup de serpillière c’est vite passé, et puis c’est pas très grave si finalement il ne veut plus de sa commande (il l’a trouvé ailleurs, le livre), et je peux comprendre qu’on me reproche de ne pas avoir le nouveau Fairy Tail sous prétexte qu’il ne sort que la semaine prochaine, et puis bon, ok ça fait beaucoup de pièces à compter, mais je vais pas lui reprocher d’avoir réussi à amasser suffisamment de pièces de 10 centimes pour acheter son manga à 7€ (enfin si, je reproche, faut quand même qu’ils apprennent, mais j’accepte néanmoins, grand seigneur sur un cheval beige de neige fondue).
Ça s’est calmé par la suite, la journée s’est tassée et mon humeur aussi (ça me fait penser au sublime ‘le jour est venu et moi aussi’, de l’ami Patrick), j’ai pu faire mon rangement et ma serpillière.
Arrive un client dans son apparat de gendarme, qui me demande si j’ai reçu le dernier Team Rafale.
(Qui est une Bd pas très inspirée sur le Rafale)
C’est un peu comme si un tireur de pousse-pousse me demandait une Bd sur les Ferrari. J’aurais dû écrire une note là-dessus, tiens. Demain peut-être…